La part des femmes, Relire la Bible
Sylvaine Landrivon
Les Editions de l’Atelier
Ivry-sur-Seine, 2024
Faire Église autrement ?
Docteure en théologie, Sylvaine Landrivon scrute la Bible pour y trouver et redonner aux femmes la part qui leur revient : « L’heure est venue, dit-elle, d’accueillir les femmes comme elles l’ont été par Jésus sur les routes de Galilée. »
Constatant des traductions bibliques erronées, particulièrement à l’étude des trois premiers chapitres de la Genèse, elle s’est mise à l’étude de l’hébreu et du grec pour décrypter l’Écriture. Évoquant quelques grandes figures féminines bibliques qui « sauvent le peuple », telles Sarah, Myriam, Judith dans l’Ancien Testament, elle propose aussi une lecture renouvelée du Nouveau Testament en montrant que « être apôtre » n’est pas réservé aux hommes : les figures de Marthe et de Marie-Madeleine en sont des exemples. Elle rapproche Marie mère de Jésus et Marie-Madeleine, toutes deux « messagères de l’incroyable » à travers la naissance et la résurrection de Jésus, et rend hommage aux femmes qui ont accompagné et soutenu Paul dans sa mission. Bien sûr il fut beaucoup question des femmes et de la part qui leur est réservée dans l’Église, en comparaison de leur rôle souvent capital dans l’Histoire du Salut tout au long de l’Ancien Testament, et de la reconnaissance dont Jésus les gratifiait dans le Nouveau.
Sylvaine Landrivon n’hésite pas à remettre en question un discours de l’Église qui a trop souvent fait l’éloge de « la femme éternelle » en laissant transparaître une volonté de maintenir les femmes sous la sujétion des hommes et, en particulier des clercs. Une « mise à la marge » qui peut encore se laisser voir aujourd’hui à travers des partages de rôles réservés d’une part aux garçons et d’autre part aux filles dans le service de l’autel par exemple, ou par rapport aux divorcés-remariés. Pour combattre ce système, elle invite à prendre comme référence, l’égalité baptismale : il n’y a pas de différence entre garçons et filles au moment du baptême ! Non, toutes et tous sont déclarés « prêtres, prophètes et rois », ce qui leur donne donc la capacité de célébrer le culte, d’enseigner et d’interpréter la Parole, de gouverner la communauté. Forte de solides arguments, la docteure en théologie va loin dans ses réflexions. Restituant à Marie dans son Magnificat, une dimension de « libération » des humiliés, elle dénonce le goût du pouvoir et conteste comme contraire aux Évangiles, la « notion de sacré » (qui met à part) et de « hiérarchie » (qui instaure des pouvoirs indus). Pour elle, seul Jésus mêle le divin et l’humain. Elle propose de « décléricaliser » l’Église pour « faire Église autrement »sur le modèle communautaire et égalitaire des « églises de maisonnées » comme au début de l’Église.
À en juger par le débat simple et vrai qui a suivi la conférence, voilà une réflexion qui a eu un écho favorable dans l’esprit et le cœur des personnes présentes.
Plusieurs d’entre-nous ont souhaité poursuivre la réflexion pour repenser l’Église en revisitant la Bible certes, mais surtout en relisant ensemble le livre de Sylvaine Landrivon, un livre qui apporte un fondement théologique à l’idée que les femmes doivent désormais y prendre toute leur place.
Je vous propose de nous retrouver à la rentrée autour du livre La part des femmes / Relire la Bible pour repenser l’Église.
Une première rencontre d’information est fixée au jeudi 12 septembre à 18h Salle St Jean, Lannion.