Menacé de mort, menacé de résurrection Voir la version PDF

Jeudi 19 septembre 2024 — Dernier ajout samedi 9 novembre 2024

On dit que je suis menacé de mort. Peut-être. Quoi qu’il arrive, je suis dans la paix. S’ils me tuent, ils ne me prendront pas la vie.

Il en faut beaucoup plus pour m’émouvoir. Car, depuis mon enfance, quelqu’un m’a soufflé à l’oreille une vérité solide comme le roc et qui est en même temps une invitation à l’éternité : " Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps mais ne peuvent tuer la vie".

La vie, la vraie vie, s’est fortifiée en moi quand j’ai, à travers Teilhard de Chardin, appris à lire l’Évangile : le mouvement de résurrection commence avec la première ride qui se dessine sur le visage, avec la première tache de vieillesse qui apparaît sur nos mains, avec le premier cheveu blanc qui nous surprenons un jour dans notre chevelure en la peignant, avec le premier soupir de nostalgie devant un onde qui change et s’éloigne soudain sous nos yeux.

Ainsi commence la résurrection. Ainsi commence, non pas ce qu’elle n’est pas en réalité, mais la vie « autre ».

On dit que je suis menacé de mort corporelle. Qui n’est pas « menacé de mort » ? Nous le sommes tous, depuis notre naissance. Car naître, c’est déjà mourir un peu. Menacé de mort, et alors ? Si cela est, je leur pardonne d’avance. Que ma croix me permette de continuer à aimer, à parler, à écrire. Et à faire sourire, de temps en temps, tous mes frères les hommes.

Je suis menacé de mort. Il y a dans cet avertissement une erreur profonde. Ni moi ni personne ne sommes menacés de mort. Nous sommes menacés de vie, menacés d’espérance, menacés d’amour. Nous nous trompons. Chrétiens, nous ne sommes pas menacés de mort. Nous sommes menacés de résurrection.

José Caldéron Salazar
journaliste guatémaltèque

Paru dans le journal de l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), 1987 ?

Voir en ligne : L’article sur le site de la paroisse St-Mary de Haute-Auvergne

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