Le troisième œil n’est ici qu’un symbole, celui de la conversion pascale du regard des disciples, grâce à l’Esprit du Christ, maintenant le même en lui et en eux. Il y a eu en eux Révélation du Christ, bien autre chose que de simples apparitions qui leur seraient données en spectacle. Bien plus que de simples songes ou visions. Il leur est donné à voir ce qui reste invisible à leurs yeux de chair, parce que ce qui se rend visible n’est plus ni biologique ni tangible avec les sens habituels. « Remplis de l’Esprit, les apôtres ont « vu » non pas de manière sensorielle mais avec les yeux de la foi » Deneken (p. 387) [1].

L’image d’un troisième œil aide à comprendre qu’au-delà de nos yeux naturels, un regard intérieur, un itinéraire spirituel, peut s’ouvrir en toute femme, en tout homme. Un regard rendu possible par l’Esprit infusé à l’intime de chacun. Voir Jésus ressuscité biologiquement ne suffirait nullement pour qu’on le reconnaisse devenu Christ et Vivant. Ce ne serait qu’un très grand miracle passager. « Les apparitions ne constituent pas la Résurrection » dit A. Gesché (Le Christ p. 177) [2]. Grâce à l’Esprit de Pentecôte, agissant depuis Pâques comme des langues de feu, il nous est offert de voir Jésus véritablement réveillé, élevé, glorifié, exalté, vivant, sorti d’entre les morts. C’est cela la réalité, la vérité de sa Résurrection. « La foi pascale s’origine dans l’expérience du « se-faire-voir » libre et gracieux de Jésus à ses disciples. C’est pourquoi l’important n’est pas de savoir, finalement, comment les apparitions ont eu lieu, mais qui est Celui qui est apparu ». (La Foi pascale, Deneken p. 395) [1].
Ce qui est vu, ce n’est pas un corps ressuscité mais une personne ressuscitée. Heureux ceux qui croient sans avoir vu de leurs propres yeux, mais qui croient grâce au troisième œil ouvert en eux par l’Esprit répandu, le même en Jésus, en eux… et en nous. À la Pentecôte des langues de feu se délient et les yeux se décillent. La résurrection de Jésus cela me regarde, cela me concerne.
